par tyler » 23 Oct 2019 16:41
Vu Joker hier soir.
Film complexe, je ne sais pas trop quoi en penser. Les médias se sont largement servis du matériau pour vendre ou défendre des points de vus plus ou moins étayés, parfois un peu faciles, ou même hallucinants.
Joaquim Phoenix, qu'on annonce comme le futur lauréat des oscars pour sa prestation, y joue certes de façon excellente, mais il flotte un je ne sais quoi de surjoué dans ses postures, dans son faciès. Une heure de pellicule défile sans qu'on sache qui il joue, si sa prestation est construite de manière à nous laisser nous approcher de ce personnage ambigu, ou s'il plaque une bizarrerie qu'il imagine au sujet du personnage. Reste une deuxième heure où il explose, notamment par des postures physiques magnifiquement filmées, où ses angulations osseuses, sa déconstruction de schémas moteurs habituels le font rentrer dans un moule intrigant, dérangeant, parfois malsain.
La mise en scène est sobre, assez classique d'abord, même si la ville de Gotham y est brillamment imaginée, avec des plans séquences de vide ajoutant une perspective plus profonde à celui vécu par le personnage d'Arthur Fleck.
La photographie est splendide, vraiment. Et la dernière demi-heure du film, jusqu'à ses scènes finales, participent à l'acmé d'un face à face tendu à l'extrême.
Ce n'est pas un film excellent. Ni une prestation exceptionnelle. Cela reste un très grand film.
Ce sont plus les parallèles que l'on peut établir avec les situations contemporaines, dans le traitement des maladies mentales, dans les gouffres se creusant entre les populations, tant en terme de finance que de place dans la société, dans les recours qui restent aux oubliés, aux laissés pour compte d'une société qui oublie trop vite l'Amérique des marges.
Beaucoup ont crié au loup sur ce film parce qu'il "pourrait déchainer des violences latentes". Je n'y croyais que peu, avant de le voir. Mais sur fond d'instabilité, qui sait?
Il fera partie des films que j'ai apprécié depuis la rentrée, et il mérite de soulever des débats, même si ceux ci sont orientés de manière un peu convenue par le réalisateur. Je dirais, pour conclure, que c'est un film un peu fainéant, alors même qu'il se veut ambitieux, à juste titre, parce que moins de manichéisme aurait pu en faire un réel film culte.
Un peu déçu. Il me semblait avoir posté un lien lors de la sortie du teaser, et j'en attendais peut-être un peu trop