A un moment, tu paies le fait de ne plus te baser sur un matériau hyper riche (les bouquins), mais simplement sur des grandes lignes sur la façon dont ça doit se terminer, avec en parallèle le besoin de vendre un peu de spectaculaire. Du coup, beaucoup de raccourcis préjudiciables alors qu’en soi, le tableau final est pas si déconnant par rapport à l’histoire (Daenerys en Mad Queen, destruction du trône et de King's Landing, Jon qui passe à côté d'un titre dont il ne voulait pas et pour lequel il n'était pas assez cynique, un nouvel ordre politique, mais quand même pas la révolution... realpolitik mon amour). Plus que le nombre d’épisode, à mon sens, c’est là que ça coince.
Sur la saison 8, j’avoue que j’ai pas trop compris les pignouseries sur le craquage de Daenerys, qui était quand même depuis longtemps sujette à accès d’autorité et de violence, et assez détendue sur les menaces de mort récurrentes à ses collaborateurs. OK, les esclavagistes étaient pas sympas, mais elle en a quand même crucifié des centaines, et cramé un paquet d’autres. Il manquait peut-être un craquage du style à Westeros avant King’s Landing, avec un peu plus d’ampleur que le simple cramage de la famille Tarly (qu'on a vite oublié alors que le message était clair : vous êtes avec moi ou vous êtes dead), pour annoncer un peu plus clairement son basculement à venir, mais je trouve que s’indigner de cette situation, c’est ne pas avoir complètement suivi ce qui se passait avant (ou fermé un peu les yeux parce qu’Emilia Clarke est quand même trop mimi).
J’écoutais le très bon podcast de Wired sur le sujet, ils pointaient le fait que l’on ne peut mettre sur le même plan les esclavagistes de Slaver’s bay et les habitants innocents de King’s Landing sur un plan moral. Certes, mais dans sa décontraction face au fait de tuer de plus en plus, sans aucun état d'âme, il y a quand même une gradation assez nette depuis le début.
Globalement, je trouve que toute une partie du public n’accepte plus l’idée qu’une histoire ne se termine pas comme ils l’auraient souhaité. A un moment, c’est une œuvre, avec des auteurs, qui ont leur vision. Leur demander de transcrire ta vision, c’est un peu un contresens pour moi. Tu as le droit d’être déçu, de ne pas adhérer, mais de là à demander à reshooter la saison pour que ça colle à tes envies...
Sinon, OK avec Anas sur la rencontre au sommet, assez surréaliste. Sansa qui en profite pour récupérer l’indépendance du Nord pépère, sans que personne ne bronche alors que tu imagines bien que d’autres royaumes (en particulier Dorne et les Iron Islands) pouvaient avoir les mêmes prétentions. Tyrion qui fait connerie sur connerie depuis un bon moment, et que tout le monde laisse choisir le roi. Grey Worm qui est en mode super vénère depuis qu’on a raccourci sa meuf et qui se contente d’un espèce de compromis foireux (je pensais qu’on aurait droit à un dernier twist avec un assassinat de Jon commandité par lui, mais même pas). Un peu plus tôt, Drogon qui décide de faire un peu de ferronnerie pour oublier sa douleur… Et la fin interminable avec les plans sur les Stark, le conseil royal version The Office où on se fait des jokes toutes les 5 mn… Pour faire vite, ça tient à peu près jusqu’au dernier souffle de Dany (même si un peu plus de nuance, une once de regret sur le massacre aurait amené un plus), et ensuite, WTF.
Par contre, j’ai vraiment trouvé l’épisode de la bataille de Winterfell très réussi, avec une tension constante, bien oppressante. Le final est un peu rapide, mais on construit depuis le début de la série le profil d’assassin niveau ligue des champions d’Arya, fallait bien que ça serve à un moment. Et puis le Night King était injouable en frontal, ça ne pouvait se résoudre que par une attaque éclair et furtive. La bataille de King’s landing était aussi très forte avec le retournement de perspective, subitement axée sur des victimes alors que toute la série a avant tout montré des combattants. Visuellement aussi, c’était très chouette. Curieux de lire les bouquin si GRR les finit un jour.