Nantes et sa région au fil de l'histoire
Publié: 12 Jan 2010 16:41
Il y a un siècle, les inondations
Des planches surélevées ont été installées par la municipalité (ici rue Kervégan) afin de permettre aux habitants de sortir de chez eux.
Décembre 1910, le centre-ville de Nantes est sous l'eau. On parle de six mille chômeurs dans Le Phare.
Sale temps pour les Nantais ! En 1910, un certain Henri ne manque pas d'humour dans la missive qu'il poste à sa famille. « Je crois que c'est le moment d'apprendre à nager pour habiter Paris ! Ici, la Loire est à 25 centimètres des quais, pour peu que ça monte encore, juge un peu ! Certaines rues sont déjà desservies par des canots... ». Au fil d'un entretien avec Félibien, le guide des mystères de Loire-Atlantique, on en apprend un peu plus sur la situation.
Cher Félibien, il parait que Nantes est une habituée des inondations ?
Oui et ce n'est pas la première fois. Les plus fortes crues de la Loire ont eu lieu en 1856, 1872, 1879, 1904, 1910 et 1936.
En 1910, ça se passe comment avec la crue ?
De l'eau, il y en a partout. Même la célèbre place du Commerce, jadis nommée la place du Port-au-Vin quand elle accueillait les barriques de muscadet, s'en est pris plein les pavés, les trottoirs. Des planches surélevées ont été installées par la municipalité afin de permettre aux habitants de sortir de chez eux sans boire la tasse.
Comment les Nantais vivent cet événement ?
Ils s'y acclimatent bien contre leur gré. Ils se livrent ainsi à toutes sortes d'exercices afin d'éviter de tomber à l'eau. Tous les habitants des rez-de-chaussée ont calfeutré leur demeure et tenter de sauver leurs meubles quand l'eau s'était infiltrée. Les ouvriers, comme les ménagères prennent les bateaux pour aller travailler. Des coursives en bois ont été construites afin de permettre aux Nantais de rentrer chez eux. On fait attention de ne pas tomber, on emprunte des braques quand c'est possible ou la charrette quand le cheval peut encore passer. La vie continue. Dans certains quartiers, il n'y a même pas d'appontement alors hommes et femmes, pieds nus, barbotent dans cette eau sale et jaune qui charrie toutes sortes de détritus. C'est une désolation, un désastre aussi impressionnant que la crue de 1872 qui avait atteint la cote de 6, 35 m.
La faute à qui ?
Le 6 décembre 1910, alors que la situation s'améliore, le journal Le Phare, je cite, donne l'explication ; « Il est nécessaire que le public sache bien que les malheurs qui ont menacé Nantes pendant quelques jours et qui n'ont peut-être été conjurés que par la ruine des riverains, c'est-à-dire par la rupture de la Divatte, auraient sûrement été évités si l'on s'était décidé à faire les travaux nécessaires :creusement et aménagement rationnel de la Loire entre Nantes et la mer pour faciliter l'écoulement rapide des eaux d'amont. Et en second : la destruction des ponts et des barrages qui obstruent la Loire dans son passage à Nantes et déterminent ainsi une surélévation redoutable des crues aussi bien à Nantes qu'en amont jusqu'à Mauves ». Le journaliste estime qu'il faut purement et simplement détruire le pont de la Madeleine et le pont de Pirmil, ses ponts archaïques en les remplaçant par des modernes. « Il en résultera une cote des hautes eaux que l'on peut réduire à 70 cm environ ». Au fil des ans, les souhaits du journaliste seront en partie exaucés avec le creusement du chenal de la Loire et la destruction du pont de Pirmil. Dans les jours qui suivront le 6 décembre 1910, l'eau se retirera petit à petit de la ville.
Stéphane Pajot
Les photos des inondations
Des planches surélevées ont été installées par la municipalité (ici rue Kervégan) afin de permettre aux habitants de sortir de chez eux.
Décembre 1910, le centre-ville de Nantes est sous l'eau. On parle de six mille chômeurs dans Le Phare.
Sale temps pour les Nantais ! En 1910, un certain Henri ne manque pas d'humour dans la missive qu'il poste à sa famille. « Je crois que c'est le moment d'apprendre à nager pour habiter Paris ! Ici, la Loire est à 25 centimètres des quais, pour peu que ça monte encore, juge un peu ! Certaines rues sont déjà desservies par des canots... ». Au fil d'un entretien avec Félibien, le guide des mystères de Loire-Atlantique, on en apprend un peu plus sur la situation.
Cher Félibien, il parait que Nantes est une habituée des inondations ?
Oui et ce n'est pas la première fois. Les plus fortes crues de la Loire ont eu lieu en 1856, 1872, 1879, 1904, 1910 et 1936.
En 1910, ça se passe comment avec la crue ?
De l'eau, il y en a partout. Même la célèbre place du Commerce, jadis nommée la place du Port-au-Vin quand elle accueillait les barriques de muscadet, s'en est pris plein les pavés, les trottoirs. Des planches surélevées ont été installées par la municipalité afin de permettre aux habitants de sortir de chez eux sans boire la tasse.
Comment les Nantais vivent cet événement ?
Ils s'y acclimatent bien contre leur gré. Ils se livrent ainsi à toutes sortes d'exercices afin d'éviter de tomber à l'eau. Tous les habitants des rez-de-chaussée ont calfeutré leur demeure et tenter de sauver leurs meubles quand l'eau s'était infiltrée. Les ouvriers, comme les ménagères prennent les bateaux pour aller travailler. Des coursives en bois ont été construites afin de permettre aux Nantais de rentrer chez eux. On fait attention de ne pas tomber, on emprunte des braques quand c'est possible ou la charrette quand le cheval peut encore passer. La vie continue. Dans certains quartiers, il n'y a même pas d'appontement alors hommes et femmes, pieds nus, barbotent dans cette eau sale et jaune qui charrie toutes sortes de détritus. C'est une désolation, un désastre aussi impressionnant que la crue de 1872 qui avait atteint la cote de 6, 35 m.
La faute à qui ?
Le 6 décembre 1910, alors que la situation s'améliore, le journal Le Phare, je cite, donne l'explication ; « Il est nécessaire que le public sache bien que les malheurs qui ont menacé Nantes pendant quelques jours et qui n'ont peut-être été conjurés que par la ruine des riverains, c'est-à-dire par la rupture de la Divatte, auraient sûrement été évités si l'on s'était décidé à faire les travaux nécessaires :creusement et aménagement rationnel de la Loire entre Nantes et la mer pour faciliter l'écoulement rapide des eaux d'amont. Et en second : la destruction des ponts et des barrages qui obstruent la Loire dans son passage à Nantes et déterminent ainsi une surélévation redoutable des crues aussi bien à Nantes qu'en amont jusqu'à Mauves ». Le journaliste estime qu'il faut purement et simplement détruire le pont de la Madeleine et le pont de Pirmil, ses ponts archaïques en les remplaçant par des modernes. « Il en résultera une cote des hautes eaux que l'on peut réduire à 70 cm environ ». Au fil des ans, les souhaits du journaliste seront en partie exaucés avec le creusement du chenal de la Loire et la destruction du pont de Pirmil. Dans les jours qui suivront le 6 décembre 1910, l'eau se retirera petit à petit de la ville.
Stéphane Pajot
Les photos des inondations