Extrait d’un article de
Pédale !, le hors-série vélo annuel de So Foot, qui sort avant chaque Tour de France. Dans un papier sur les ronds-points (« Le théâtre des ronds-points »), Benjamin Carle explique comment et pourquoi en 20-30 ans, ils ont poussé comme des champignons, et quel jeune maire en a été à l’origine.
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Jusque dans les années 60, on a développé beaucoup de giratoires, surtout dans les centres-villes, mais la sacro-sainte règle de la priorité à droite favorisait ceux qui entraient, et avec l'avènement de la voiture, l'anneau central était parfois bouché. Peu efficace, le giratoire a finalement été abandonné jusqu'à l'entrée en action des anglais. Avant d'enchaîner les discours de victoires sur les Champs Élysées, ils avaient trouvé une idée ingénieuse : l’Offside Priority, la priorité à l'anneau, une façon de faire opposée à la logique tricolore, que les autorités françaises regardaient avec méfiance, à la notable exception d'un jeune maire de la banlieue de Nantes : Jean-Marc Ayrault.
En 1980, le futur premier ministre part en stage d'observation au sein du Transport Research Laboratory britannique. Il en revient avec la certitude que le giratoire à l'anglaise est une solution pour régler un problème de carrefours dans sa commune de Saint-Herblain. Les différentes phases de test qui suivent le confirment et le code de la route est modifié par décret en 1983.
La décentralisation fera le reste. Dans les années suivantes, la France entière se met à construire des giratoires qui sont donc désormais franchis selon les règles anglaises.
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Pour toutes ces raisons, la France est devenue championne du monde des ronds-points. Un titre que personne ne conteste. Et pourtant, on n’en connaît pas le chiffre exact. [...] La meilleure façon de confirmer l’impression d’invasion du rond-point, c’est donc encore le Tour. Et pour le coup c’est flagrant : en 1996, les coureurs franchissaient 198 giratoires; l’an dernier il y en avait 593.
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En attendant, personne ne nous retirera notre spécialité du double rond-point. Ma femme (rennaise, permis passé à Rennes) et toute ma belle-famille de Rennes, râlent à chaque fois en disant qu’on ne sait jamais par quel bout les prendre («
c’est n’importe quoi » revenant régulièrement).
Je leur réponds invariablement que je comprends bien que c’est intimidant pour elles de « monter à la ville », avec toute cette circulation, et qu’un provincial arrivant pour la première fois de sa vie Place de l’Etoile, à Paris, vivait le même grand moment de solitude