Yavait eu un conflit d'usage dans le coin, autour du début des années 90 il me semble.
Dhonneur, ubuesque suzerain du domaine guérandais, édile régnant sur les petits commerces et les maisons secondaires, contribuant de façon décisive à faire de la ville un repousse-jeune, étouffant toute activité nocturne, avait fait parler de lui. Des potes ont fait des stages à ses côtés, sacré Balkany en puissance. Passionné de whisky et qui s'était mis en tête avec ses camarades beaulois de construire une nationale à travers les marais, ainsi qu'un centre de thalasso pour chevaux. Tout semblait préparé, l'activité économique allait être boostée, les derniers paludiers exclusifs vieillissaient et les quelques intérimaires des chantiers reprenant des salines étaient vus comme des margeos sans intérêt.
Ca a bloqué. Une poignée de mecs qui en voulait. Des foreuses ont été sabotées. Ca a fait un peu de bruit à l'échelle locale, beaucoup moins à l'échelle nationale il me semble (Fonzie pourrait en témoigner j'imagine).
Les terrains de polo sont là, mais pas la thalasso. L'activité sur les marais a explosé, le nombre de jeunes qui se forment chaque année augmente, les vieux transmettent, des salines sont réactivées, des vasières remises en fonction. La coop' continue de grossir (des salorges en béton ont remplacé les mulons bâchés au niveau de Pradel), mais de nombreux indépendants s'installent aussi. C'est moins l'usine qu'il y a une dizaine d'années où certains exploitaient jusqu'à une centaine de salines, en se bousillant le dos. Mon ancien patron (le seul et unique pour le moment, touche du bois) a d'ailleurs récemment arrêté (pied amputé
, le meilleur vendeur de sel de la ville, qui traumatise des centaines de touristes chaque été). Doit y avoir quelques terroristes verts chez ces paludiers nouvelle génération, c'est pas les pancartes non à nddl qui manquent là bas non plus...
Les coteaux guérandais, outre les terrains de polo, se sont bien urbanisés, maisons et lotissements. Quelques amap et encore un peu de terrain agricole (quelques rangées de nono, bien cachées
) et les anciennes mines d'uranium abandonnées. Alors oui, ça bouchonne sur la route de Batz et au niveau de la patte d'oie, mais comme en être autant quand on imagine la densité de touriste dans la presqu'île du 15 juillet au 15 aout...
Je reste persuadé qu'avec un peu de "pédagogie", on aurait pu valider le projet de Dhonneur à l'aide d'un petit référundum local rondement organisé.
Et on aurait tué, sans même sans rendre compte, à peu près le seul truc sur la commune de guérande qui ne soit pas désormais de mauvais goût, refait et maquillé comme une pute ukrainienne (ou une fête médiévale).