Sur Internet, mon restaurant casse ses prixPour faire connaître son restaurant nantais, Mathieu Coussin a multiplié les promos sur le web. / Photo : Frédéric GirouUn billet de train pour Paris, une chambre d'hôtel à Rome ou une place de théâtre... Les Internautes savent traquer les promos de dernière minute. L'envie de garnir des sièges vides en cassant les prix a gagné les restaurateurs. Les Parisiens sont conquis et la tendance touche désormais la province. Comment ça marche ?
Quatre ou cinq clics sur le site
lafourchette.com et voilà une table réservée chez Gusto, nouvelle brasserie nantaise. Un risotto, une entrecôte, une panna cotta, des profiteroles, un peu de vin, deux cafés, l'addition : 29 €. Pour le même repas, des voisins de table n'ayant pas réservé par Internet auraient payé 45 € ! «
Nos promotions via ce site ont attiré 400 couverts en deux mois, vante François De Pena, le patron, qui a ouvert en juin.
Notre ambition était de nous faire connaître en tapant fort. Ça marche. »
Aux Agapes, restaurant nantais aux prétentions plus gastronomiques, Mathieu Coussin fait monter la sauce. «
Samedi, j'avais cinq tables réservées par lafouchette.com ! Le site m'envoie environ 20 % de ma clientèle. » Aujourd'hui, il est ravi. «
Les premiers temps, j'offrais 50 % sur les menus déjà pas chers du midi... J'avais du monde, mais ça me coûtait beaucoup trop cher. D'autant qu'on verse au site une redevance d'1,50 € par couvert. »
« Consommateurs de promos »
Du coup, il a créé spécialement un menu dégustation très haut de gamme à 50 €, sur lequel figurent les meilleurs produits de sa carte. «
Avec la promo à - 40 %, valable tous les soirs, il est vendu à 30 €. » Ce jeune restaurateur branché a ainsi adapté son offre - quitte à réduire les portions de ce menu - à la demande d'internautes avides de bons plans. Une révolution. «
C'est gagnant-gagnant ! Des clients peuvent s'offrir du « gastro » et, moi, je ne perds pas trop d'argent. »
[...]
Ces offres ne risquent-elle pas de brouiller la valeur des choses, à la manière du prix des billets d'avion avec l'arrivée du low-cost ? «
On voit bien, reconnaît Mathieu Coussin, que la plupart de ces clients sont des consommateurs de promos, pas de futurs fidèles. » «
Pour ne pas dévaloriser notre métier, je leur explique que c'est juste une promotion pour nous faire connaître, comme de la pub », admet François De Pena.
En ces temps de crise, il faut remplir les salles. Chez Gusto, les produits représentent seulement 25 % d'une addition. Le reste ? Ce sont des frais et du personnel à payer, que la salle soit pleine ou vide. Les restaurateurs gagnent donc à créer du trafic. De plus en plus de sites, comme
topdealenville.fr, proposent ces promotions.
Thomas HENG.
Ouest-France