Le festival Bar-bars commence demain, jusqu'à samedi. Au programme, deux ou trois concerts, voire plus, dans une grande quantité de bars nantais.
Les Invasions Bar-Bars
http://www.bar-bars.com/ En 2040 dans un musée. Du bout de sa canne, le vieil homme montre une boîte en verre abritant un décor d’un autre âge. Exposés, des mannequins tenant des instruments, des visages rigolards. Le grand-père interpelle son petit-fils.
- Tu sais ce que c’est ?
- Je vois des musiciens, comme s’ils jouaient à la maison !
- C’est presque ça, sauf qu’à mon époque, on appelait ce lieu un café-concert ou un bistrot rock. On s’y retrouvait souvent le week-
end avec les potes. A l’intérieur, il y avait un comptoir, derrière lequel officiait le patron ou la patronne. On pouvait commander un verre, discuter de la pluie et de la vie. Si je te disais même qu’on y fumait tu ne me croirais pas ! Et puis, surtout, y’avait moyen d’écouter des musiciens, de voir des artistes.
- Ah bon, ils pouvaient jouer en vrai dans des lieux publics ?
- En vrai, comme je te vois ! C’est là qu’ils débutaient leur carrière, testaient leurs textes devant leurs premiers spectateurs.
_ Ce devait être chouette, papy !
_ Comme tu dis. Et puis, dans ces troquets, quand on avait le blues de la vie, on savait qu’il y avait de quoi se ressourcer, reprendre un peu du poil de la bête. On y refaisait le monde.
- Ca veut dire quoi « refaire le monde » ?
-C’est une expression née dans ces vieux bistrots. On refaisait les lois de la mairie ou du gouvernement, voire le gouvernement tout
court, à notre sauce si tu veux. Ca discutait ferme au bord du zinc et ça rigolait sec. J’y ai passé les plus beaux moments de ma vie. C’est même dans un de ces estaminets que j’ai rencontré ta mamie, en écoutant un groupe de rock !
- Génial !
- Tu penses, c’était magique. On voyageait dans le temps en fonction de la déco du lieu, on rencontrait des habitués ou des inconnus, une véritable aventure au coin de la rue.
- Pourquoi ça n’existe plus ?
- Ca a commencé par une fermeture administrative pour quelques-uns. Une loi a été votée, puis deux, réglementant les horaires, imposant des normes draconiennes et, de fil en aiguille, ils ont tous fini par fermer.
- Personne ne s’est battu pour les défendre ?
- Oh que si, un vent de fronde et de liberté est parti de Nantes, en
Bretagne, avec le mouvement « Bar-Bars ».
- Des invasions barbares, comme les Vikings ?
- Non, Bar-Bars en deux mots, c’était un mouvement de passionnés qui militaient pour la culture dans les bistrots toute l’année et qui organisaient un festival révolutionnaire : trois jours de musiques, de cirque, de contes, d’expositions dans les cafés de la ville. Une façon de montrer le vivier de créateurs et, bien entendu, de renouer avec la fête. Je crois qu’il reste un village d’irréductibles là-bas en Bretagne, un dernier bastion de la fiesta et de la citoyenneté solidaire, un ultime rempart pour les musiciens.
- Tu m’y emmènes, papy ?
- C’est comme si on y était, fiston !
Stéphane Pajot
Jozy ne participe pas au festoche. Enfin si, tellement qu'il n'y aura pas de groupes, mais qu'elle sera de l'autre côté du comptoir, pour chanter, déclamer des poèmes et nous faire rire avec ses trous de mémoire ou nous foutre le bourdon avec ses chansons tristes. Les trois jours.
Vivement ce weekend