Toujours O-F, longue interview de CG, avec des perspectives intéressantes pour Kolo-Muani.
Christian Gourcuff : «C’est très réducteur de dire que l’on joue qu’en 4-4-2 »
Christian Gourcuff, l’entraîneur des Jaune et Vert, s’est livré lors de ce stage de pré-saison à Annecy. Sa première préparation avec le FC Nantes, lui qui était arrivé seulement deux jours avant le match face à Lille l’an dernier. Comment prépare-t-on un stage de ce type ?- Cela dépend de la planification de la préparation. Cette année c’était très particulier avec une longue période d’interruption, le dernier match remonte à début mars. C’est vraiment une situation exceptionnelle. On aura une préparation de dix semaines au total. Dans ce cas-là, c’est important de bien planifier les choses, d’avoir une progression dans le travail, à la fois pour éviter les blessures, avoir une logique de travail et qu’il n’y a pas de lassitude. Nous sommes qu’à la moitié de la préparation, c’est déjà long. Nous avons planifié des objectifs par phase. Un stage dépend du moment où nous le faisons, s’il est tôt il sera plus axé sur de la préparation physique, là on a continué nos objectifs qui étaient plus la recherche de l’intensité et l’organisation de nos principes tactiques. On arrive à la troisième semaine et le stage a permis de faire une remise à niveau. Maintenant il faut le formaliser dans les matches.
Une saison peut se jouer durant la préparation ?- Je pense. J’ai toujours considéré que c’était une partie importante. C’est un moment privilégié où l’on n’est pas pollué par les effets pervers de la compétition. Ce sont des moments importants dans la vie du groupe, dans la qualité du travail. Nous sommes polarisés sur la progression, sur le jeu. Après on sait que quand viendra la compétition il y aura plus de stress. Un stress nécessaire, mais qui peut modifier les données.
Cela fait longtemps que vous faites des préparations, avez-vous fait évoluer les choses au fil des saisons ?- Bien sûr. Il y a 35 ans ce n’était pas la même chose, il y a eu une progression considérable surtout dans la préparation physique et tactique. Je n’ai pas changé fondamentalement sur mon travail, notamment sur les quinze dernières années, j’ai simplement affiné certains points. Cette année, avec une préparation aussi longue, c’est encore plus intéressant.
Est-ce qu’un jour on verra Christian Gourcuff changer son système de jeu ?- C’est très réducteur de dire que l’on joue qu’en 4-4-2. Il y a des situations où l’on joue comme cela, mais c’est assez peu dans le match. L’organisation se déforme complètement durant la partie… Mais pas de façon anarchique car nous avons des repères. On peut très bien se retrouver en 2-3-5 ou en 4-4-1-1…
Ce ne sera jamais un système à 5 ou 3 défenseurs comme on le voit de plus en plus.- Non. À trois défenseurs, il y a des principes qui sont honorables mais à condition de jouer vraiment à trois, pas à cinq. L’Atalanta Bergame par exemple pratique un jeu intéressant parce qu’ils vont dans ce sens. Ce système demande beaucoup d’intensité physique, dans le pressing notamment. L’organisation doit être au service du jeu. Comment faire immerger le jeu et comment mettre le joueur dans les meilleures dispositions afin qu’il trouve sa place et qu’il puisse exprimer toutes ses qualités dans le collectif. Je ne me suis pas réveillé un jour en me disant « tiens je vais jouer en 4-4-2 ». Tout cela est réfléchi. Il faut une organisation de base pour créer les automatismes puis une autre qui permet d’avoir un maximum de créativité, de ne pas brider le joueur.
Quel bilan tirez-vous de cette semaine de stage ?- Le groupe vit bien, il y a de l’implication. Après dans la réalisation nous ne sommes pas encore au top, voire un peu moins bien qu’il y a une dizaine de jours. Il y a une fraîcheur qui a un peu disparu, mais ce n’est pas catastrophique. L’inverse serait même anormal.
Comment vit ce groupe en dehors du terrain ?- Dans le stage on partage notre vie 24h/24h, on peut vraiment créer un esprit de groupe même si cela ne se fait pas de manière arbitraire. On souhaite que le groupe vive bien et c’est à nous de favoriser cette ambiance. Il faut créer un bien-être dans le groupe et ensuite c’est à eux de prendre les choses en mains, qu’ils soient bien entre eux.
C’est un groupe qui se connaît bien puisque la majorité était déjà là l’an passé. La continuité est importante ?- Je pense qu’on gagne du temps sur le plan technique et relationnel. Quand ça se passe mal il faut mieux changer, mais là le groupe vivait bien l’an passé donc on reste dans la continuité. Ça peut se crisper avec le mercato et des joueurs qui désirent partir… Il y a beaucoup d’homogénéité dans le groupe, on le voit durant les oppositions où ça se tire la bourre. Ça peut-être un plus mais ça peut aussi rendre la situation un plus difficile à vivre pour certains.
On sent les joueurs heureux au club.- Je pense que le meilleur moyen n’est pas de faire de la com mais de voir ce qu’on fait sur le terrain. C’est là qu’on peut juger de l’ambiance dans ce groupe. Actuellement, dans le monde professionnel, c’est assez rare d’avoir cette qualité relationnelle.
Pourquoi ?- Il y a des aspects autres que le jeu, que les relations. Certains intérêts nuisent à la bonne ambiance. Après, il y a aussi des clubs qui ne sont pas là-dessus. Il faut être rigoureux sans être rigide. Au niveau du staff il faut avoir une bonne relation avec les joueurs, les mettre à l’aise. C’est assez rare je pense, ce n’est pas quelque chose qui est possible avec tous les groupes.
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On verra deux recrues, Jean-Charles Castelletto et Pedro Chirivella. Qu’ont-ils montré ?- Ce sont deux joueurs qui, à la fois sur le plan du groupe et du travail, se sont intégrés facilement. Les deux ont exprimé des qualités qu’on leur connaissait mais peut-être à un niveau supérieur. Jean-Charles est très dynamique, impliqué. Il a beaucoup d’énergie, de dynamisme. C’est un joueur intéressant, il y aura de la concurrence derrière, mais on l’a vu l’année dernière il y a des absences, des blessés donc je pense que nous sommes mieux armés pour remédier à ces défaillances. Pour Pedro, de toute façon on va le voir, mais c’est un joueur qui a une belle qualité de passe, une intelligence de jeu. Il cadre complètement avec le jeu que l’on veut mettre en place. Ce n’est pas un monstre, mais c’est complètement dans le style qu’on veut mettre en place.
Quel est son vrai poste ?- Il peut jouer dans les deux milieux du 4-4-2. Il pourrait jouer un cran plus haut, derrière l’attaquant, mais ce ne serait pas lui rendre service, il ne pourrait pas prendre les espaces.
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On voit certains jeunes dans ce groupe, notamment Randal Kolo-Muani.- Il monte en puissance depuis qu’il est là. Il démontre des qualités individuelles et de percussions qui sont extrêmement intéressantes. C’est un joueur qui a beaucoup de qualités, maintenant il faut qu’il intègre toutes les bases du collectif mais cela se fera avec le temps. C’est plutôt un joueur d’axe, qui est plus à l’aise avec le jeu face à lui et moins à l’aise dans le jeu dos au but. Il doit enrichir son bagage pour devenir bon dans ces deux registres mais sa qualité à prendre de la vitesse est une qualité qu’on n’a pas dans l’effectif.
Batista Mendy est aussi dans le groupe pro, depuis plus longtemps.- Je le connais mieux car il est avec nous depuis le mois de janvier. Il y a beaucoup de concurrence à son poste. C’est un joueur qui me semble avoir un avenir chez nous.
Quelles sont ses qualités ?- Il montre une présence technique et physique. Sur le plan tactique et des choix il faut qu’il s’affirme un peu plus. Il a un gros volume de jeu. Avec le ballon il a ce qu’il faut. Son registre est assez large, il peut même joueur plus bas. À terme, il pourrait même jouer latéral droit. Ce n’est pas son poste de prédilection mais il a les aptitudes pour.
Abou Ba est arrivé la semaine dernière, vous le découvrez ?- Abou est revenu de Grèce, il est sous contrat, maintenant c’est compliqué pour des jeunes comme ça de trouver une place dans le groupe. Il faut réfléchir à la situation.
Certains jeunes peuvent être prêtés ?- Les prêts sont intéressants. Le prêt de Randal lui a été profitable par exemple.
Il y a beaucoup de concurrence chez les jeunes, notamment devant avec Ndilu, Youan, Kolo Muani…- Ça ne sert à rien d’avoir six joueurs s’ils ne jouent jamais, ce n’est pas intéressant pour le joueur. C’est maintenant qu’il faut se poser des questions.
L’an passé beaucoup on eut l’impression que Bridge Ndilu n’a pas eu sa chance par rapport à Élie Youan.- Bridge a eu sa chance, il a joué en Coupe de France à Bayonne. Après ce sont toujours des choix. Ce n’est pas anodin de faire des matches mais il faut à chaque fois prouver. Il faut que les jeunes répondent aux attentes de la Ligue 1.
C’est plus dur pour un jeune de prouver aujourd’hui ?- Non. Mais le problème majeur c’est l’impatience. Aujourd’hui, un jeune rentre dans un groupe pro très vite et il veut jouer tout de suite. Si vous intégrez un jeune et qu’au bout de deux mois il n’a pas fait de match il peut plonger, finalement ça ne le sert pas…
C’est la faute du jeune ?- C’est le contexte. C’est la faute de tout. Ce sont les mentalités. Il y a une impatience qui est nuisible à la progression du jeune. Certains joueurs sont précoces et vont jouer en Ligue 1 à 19 ans et d’autres vont être prêts à 24 ans… Sur le plan contractuel aussi c’est difficile car on ne peut plus garder ces joueurs sous contrat puisqu’ils veulent jouer. Il n’y a plus de contrat stagiaire car le joueur veut tout de suite un contrat pro, le club a tout intérêt à lui donner aussi car cela donne une année supplémentaire. Vous-avez donc des gamins qui signent des contrats pros de trois ans à l’âge de 16 ans. Ça les amène à 19 ans, ça veut dire que dans ce laps de temps il faut qu’ils jouent sinon ils refusent de signer un contrat. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas de règlement.
C’est ce qu’on voit aujourd’hui avec des jeunes qui partent tôt pour beaucoup d’argent…- Car le football est régi par des lois financières. Après, si le joueur est guidé par un environnement qui ne voit que sa rentabilité, alors il ne va pas s’investir dans un club. Au PSG par exemple, leurs joueurs partent tôt car plus le niveau est élevé, plus c’est difficile de les intégrer. Il y a aussi certains clubs qui achètent des joueurs post-formés et les prix sont alors ridicules…
Bonne nouvelle (O-F) : le match ne sera pas finalement pas totalement à huis clos. Mais faudra aller vite.
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), L’Equipe présente ce lundi le FCN. Pas de révélation fracassante, mais bon, une pleine page sur CG, ça se lit. Avec en prime un focus sur Chirivella.
