Je sais que ma réaction était attendue par une grande majorité de forumeurs mais j'ai préféré attendre avant de commenter la désignation de René GIRARD.
Il me fallait prendre du recul, patience étant, entre autres vertus, mère de sagesse. Les implications de cette décision pouvant être importantes pour l'avenir du club, j'ai dû recourir à mes principales qualités : l'analyse rationnelle, une parfaite connaissance du football et une expertise reconnue en matière de gestion d'un club de football.
Girard : pourquoi pas? Il serait d'une vulgarité absolue de commencer ce propos par un rappel de la biographie du bonhomme, surtout lorsqu'une simple consultation d'un projet d'encyclopédie universelle, multilingue (291 langues mi-2015) tel que Wikipedia suffit à renseigner le lecteur généralement aguerri aux technologies de l'information et de la communication.
René Girard était un joueur technique et élégant, qui a évolué dans deux des plus beaux clubs français. Les belles années. Quand le football était davantage une histoire d'hommes que d'argent. La préhistoire, diront certains. Les Choristes, diront d'autres.
Il est devenu un entraîneur expérimenté. Solide. Compétent. Meneur d'hommes. Son premier exploit : mener, en tant que sélectionneur, les lions indomptables du Sénégal en quart de finales de la Coupe du Monde 2002. Après avoir contribué au fiasco de l'équipe de France privée, il est vrai, de ses éléments les plus brillants. Il reste modeste quand on évoque cette fantastique épopée "
mais bordel de quoi parlez-vous?". La modestie est la grandeur des génies. Quand on insiste "
lâchez-moi la grappe, putain!". Une saine colère qu'on lui pardonne. Il garde de cette époque une capacité particulière pour mener les enfants du soleil, ce qui l'a amené à triompher en Ligue 1.
Triomphe incontestable à Montpellier. Le petit poucet, Leicester avant Leicester. Un visionnaire.
Un gros travail à Lille, grosse cylindrée.
Et maintenant, Nantes. Qui va enfin pouvoir passer un cap.
Michel Der Zakarian était critiqué. Non pas pour ses résultats, qui pouvaient être considérés comme honorables, à condition de manquer d'ambition. Mais la manière. Un football aux antipodes du jeu à la nantaise. De ce que Suaudeau a fait. De ce que Girard va faire. On ne pouvait qu'être frustré.
Mais le technicien arménien a décidé de mettre fin à l'aventure. Le rideau tombe. Les masques aussi. La critique envers le président - qui l'a fait - est rude. Injustifiée, d'un point rationnel. Incompréhensible, d'un point de vue humain. Il faut croire que l'entraîneur partant voulait mieux et qu'il ne l'a pas eu. Cela fait aussi partie du football.
Avec René Girard, une nouvelle page de l'histoire du club commence. Il arrive au bon moment. Il va pouvoir préparer cette nouvelle saison. Quoi qu'en disent les critiques, c'est bien l'entraîneur qui fait l'équipe. Pas le président, même s'il serait fondé à le faire car, finalement, c'est bien lui qui investit son argent.
Le climat de confiance est évident. Le président a tenu un discours élogieux sur le nouvel entraîneur. Il a sa confiance. Car, oui, il reste encore des présidents de clubs qui font confiance. Trop peu, malheureusement. La mission de René Girard sera d'honorer cette confiance. La balle est dans son camp.