par Tarif Maison » 11 Août 2018 7:12
Papier sur Abdoulaye DABO, de J-M Boudard dans O-F ce matin.
Bellevue attend, « avec fierté », les premiers pas de Dabo
Ils viennent d'achever le premier footing de la saison, sur les chemins qui entrelacent le périphérique est, à la lisière de Nantes et de Saint-Herblain. On y croise des maillots du Barça et de la Juve, ces clubs qui font rêver. Demain, le FC Nantes devrait être mieux représenté lors des entraînements de la JSC. Avec un même nom dans le dos, celui d'Abdoulaye Dabo, l'enfant du quartier. « J'en ai commandé six à son nom », glisse Karamba, son grand frère.
A Bellevue, on attend « avec fierté » les premiers pas d'Abdoulaye Dabo à la Beaujoire. Loutfi Zebidi, le coach de l'équipe première (R1), a même dû tempérer les ardeurs. « Tout le monde veut venir au stade, mais on aura le temps de le voir dans la saison. Il ne faut pas lui mettre une pression supplémentaire. »
A seulement 17 ans, Abdoulaye Dabo est un modèle de précocité et le symbole du retour au premier plan de la formation nantaise. Intégré dans le groupe professionnel cet été, il a gagné ses galons de titulaire lors des amicaux, épaté ses partenaires comme le staff. A Brighton, il était même, sur la pelouse, le dernier rescapé de la jeune vague. Et à un poste qui n'est pas le sien. « Il est en avance, convient Loutfi, mais je ne suis pas surpris. Il a toujours été plus mature, plus mûr que les autres, dans le foot comme en dehors du terrain. »
A la JSC, on l'a senti dès ses premières prises de balle. Abdoulaye Dabo a 6 ans lorsqu'il effectue à pieds, sac sur le dos, le kilomètre qui sépare son immeuble du stade. Il peut faire basculer un match à lui tout seul. « Il voyait déjà le jeu avant les autres. Il prenait l'information avant de recevoir le ballon. Il avait toujours un coup d'avance. »
De cette génération dorée (2001), qui a alimenté les centres de formation de Nantes, Lorient ou Laval, Kaïs Zebidi et Sofiane Brahim vont en prendre soin. En multipliant les tournois, en Espagne ou en Angleterre, pour élever leur niveau. En offrant, aussi, aux gamins, des stages de perfectionnement pendant les vacances scolaires. Pour Abdoulaye Dabo, on connaît la suite : le pôle espoirs de Saint-Sébastien, le centre de formation du FC Nantes, une première sélection avec les Bleus et la signature d'un premier contrat professionnel, en octobre dernier, à seulement 16 ans, malgré une énorme pression financière de la Juve.
« Il a toujours été déterminé et su ce qu'il voulait, explique Loutfi. Il n'est pas parti de chez lui pour seulement jouer avec le FC Nantes, mais pour arriver au bout. C'est un gros bosseur. » Un héritage de ses parents, originaires de Guinée. Dans cette famille nombreuse et modeste, Abdoulaye est le troisième d'une fratrie de sept enfants. Il a rapidement pris ses responsabilités, lui qui a toujours porté le brassard dans les équipes de jeunes. [...]
Son quotidien n'a d'ailleurs pas beaucoup changé. Il continue de vivre au centre de formation, d'appeler un chauffeur pour en sortir, lui qui n'a pas le permis. Ces soirées, cette semaine, il les a passées devant la télé. Avec, au programme, Chelsea-Lyon, la rediffusion du Trophée des Champions pour voir Monaco, le premier adversaire des Canaris, et un incournable coup d'oeil à Roma-Barcelone, pour ce grand fan du Barça et d'Iniesta. « Sur le foot, il est incollable. »
Son arrivée dans le groupe pro l'a simplement privé de vacances. Comme elle perturbe un peu le chemin jusqu'au bac (STMG), qu'il devait préparer cette année. « Il ne faut pas brûler les étapes. Cela reste un ado dans un monde d'adulte même si, aujourd'hui, il a les armes pour s'envoler. » Et faire décoller Bellevue, en offrant un autre regard sur le quartier nantais. « Ce n'est pas une revanche, plutôt une victoire, assure Loutfi Zebidi. Abdou démontre qu'il est possible de réussir en venant d'ici. Il prouve aussi l'importance du club dans le quartier, qui dépasse le sport. Il a ouvert un chemin. »
Souareba, son frère (né en 2003), l'a d'ailleurs suivi en entrant, cet été, au centre de formation des Canaris. Et Moustapha (2007) pourrait les imiter dans le futur. Ce soir, ils seront dans les tribunes de la Beaujoire. Avec l'espoir de voir leur aîné fouler la pelouse...