Cette fois, O-F l’a, son interview. Et Gourcuff a pris le temps, il aborde plein de sujets.
On ne saura pas pour Fenillat, mais pour Aristouy, si.
Extraits
Gourcuff : "Si on ne peut pas reprendre le 15 juin, ça sera dramatique"Le rideau est tombé sur la saison de football. Arrivé dans l'urgence l'été dernier, Christian Gourcuff est parvenu à maintenir le FC Nantes dans l'élite. Le technicien breton s'est longuement confié à Ouest-France, analysant un exercice contrasté et en se projetant sur la reprise. Avec un regard sans concession sur le football.Christian Gourcuff travaille désormais sur la reprise. L'entraîneur du FC Nantes a fixé le programme et défini un cap à suivre jusqu'au 15 juin, date à laquelle les joueurs sont convoqués à la Jonelière.
Les Canaris disposent aussi d'un vécu commun. Le technicien breton a identifié les manques d'une équipe prise dans l'urgence, l'été dernier. Il a aussi ciblé ses forces, de sa charnière centrale à Imran Louza. Lors d'un entretien d'une heure accordé à Ouest-France, Christian Gourcuff a passé en revue le dernier exercice et esquissé le futur. Il s'est aussi interrogé sur ce ballon tournant de moins en moins rond, appelant à davantage de régulation. Cela a aussi permis de reparler du départ de Valentin Rongier à l'OM...
Quel regard portez-vous sur la décision d’arrêter le championnat après la 28e journée ?- Je n’ai pas d’avis tranché. L’état sanitaire a justement été placé au-dessus de tout. Maintenant, sur le plan sportif, une saison doit aller à son terme. Après, ce sont des décisions administratives et non sportives. On a décidé de prendre le classement à un instant T et de l’arrêter. En 10 matches, il peut encore se passer beaucoup de choses. Si vous devez encore affronter les quatre premiers ou d’autres équipes, ce n’est pas la même chose.
Cela ne vous satisfait donc pas ?- Je me disais que cela pouvait être l’occasion de terminer cette saison dès que les conditions sanitaires l’auraient permis. Ça laissait du temps au temps. Cela aurait aussi permis de repartir sur quelque chose de plus juste sportivement. Les aspects économiques ont été le seul argument de réflexion des uns et des autres.
Des championnats à 22 (sans descente) n’auraient-ils pas été plus équitables sportivement ?- On manque de pudeur et je trouve un peu indécent ces prises de positions. Ceux qui sont lésés peuvent avoir une légitime frustration, comme Amiens, qui n’était pas une équipe à descendre. Ceux qui trouvent ça normal sont ceux pour lesquels ça ne change pas fondamentalement grand-chose.
Pour en revenir aux championnats à 22, cela aurait engendré une surcharge du calendrier, notamment pour les clubs européens. Mais là encore, il y a une logique économique puisque l’on surcharge des matches européens qui ne correspondent à rien. Les matches de poule n’apportent plus grand-chose. On pourrait aussi imaginer une Coupe d’Europe par élimination directe, ça libérerait des dates et ça ferait des matches plus intéressants.
Que les clubs défendent leur économie est une chose, mais les instances du foot (les Fédérations, l’UEFA et la FIFA), normalement, devraient être les défenseurs du sport. Or, elles ne réfléchissent aussi qu’à travers leur logique économique. L’UEFA, en multipliant les matches de Coupe d’Europe, et la FIFA, en ouvrant la Coupe du monde au plus grand nombre de nations, diminuent l’intérêt d’un grand nombre de rencontres internationales. La surcharge de ces matches ne va pas dans le sens de la qualité du jeu, mais essentiellement dans le sens du profit.
L’incertitude, quant à une possible reprise, avait aussi des effets négatifs pour les différents acteurs ?- Depuis un mois et demi, il était très déstabilisant de faire et défaire des programmes, de ne pas savoir dans quelles conditions on allait reprendre. Avec les contraintes sanitaires demandées par le médical, cela ne me semblait pas trop réaliste.
Entériner l’arrêt des championnats va permettre aux joueurs de décompresser ?- Cela vaut pour tous. Les joueurs ont suivi un programme afin de bien s’entretenir et tenir le choc mentalement. Mais, quand on n’a plus d’objectif, ça devient déstabilisant. Maintenant, on a une reprise que j’ai fixée au 15 juin, même si on n’a aucune certitude sur les conditions dans lesquelles celle-ci se fera… Si on ne peut pas reprendre le 15 juin, ça sera dramatique pour la suite.
D’ici au 15 juin, les joueurs vont-ils avoir une période de vraies vacances ?- Oui. C’est indispensable. On continue de leur suggérer un programme jusqu’à ce week-end. Cela sera suivi par une coupure, indispensable pour avoir une fraîcheur. Il y aura ensuite une reprise individuelle de deux semaines afin qu’ils remettent la machine en marche avant de se retrouver le 15 juin. Ce sera une reprise graduelle afin qu’ils se régénèrent, aussi.
Le football, de manière générale, n’a-t-il pas manqué une occasion de renvoyer une autre image durant cette période-là ?- Non. C’est juste la révélation de ce que sont les clubs, des sociétés financières. Le foot est une entreprise de profit, essentiellement, et avec une telle crise, ça apparaît au grand jour. Chaque club voit ses intérêts. On vit maintenant de déficits et d’emprunts, et la DNCG laisse faire au prétexte de garanties bancaires sur des fonds d’investissement plus ou moins fumeux… C’est à l’image de l’économie mondiale.
13e, le FC Nantes est-il à sa place ?- Le classement n’est pas le fruit de la logique sportive, mais d’une décision administrative. C’est une photographie du championnat à la 28e journée. C’était un championnat très resserré, donc, en fonction du calendrier, des blessures, de la dynamique, vous pouviez vite basculer de la 6e à la 13e place. On ne va pas s’attarder sur la place, mais celle-ci peut générer des frustrations sur les droits télé. On va être lésés, aussi, mais certainement moins que des clubs qui, eux, ont leur avenir complètement engagé par cette décision.
Quelle analyse faites-vous de votre saison ?- La première partie, sans être exceptionnelle, a été très satisfaisante sur le plan des résultats et même du jeu, exception faite de notre manque d’efficacité. La deuxième partie de saison a été plus décevante. Cela s’explique par des absences majeures et très préjudiciables. Je pense déjà à Fabio, puis il y a eu celle de Nico (Pallois). C’est un bilan contrasté, mais on ne peut pas analyser cela sans faire référence aux absences. C’est toujours le FC Nantes qui joue mais pas avec la même équipe.
Qu’a-t-il manqué d’autre pour que le FCN capitalise davantage sur son bon début de saison ?- Sur le plan offensif, on avait du mal à concrétiser et à donner du relief à des prestations intéressantes. Cela induisait donc une forme de fragilité. Cela n’a pas permis d’enclencher de la confiance. Et quand le doute a gagné le groupe en raison des défaites, on est devenu moins compétitif.
Quelles ont été les bonnes surprises de votre groupe ?- Imran (Louza), Kader (Bamba) qui n’étaient pas dans le groupe pro l’année dernière, se sont imposés. Heureusement. Moses Simon a tout de suite montré que c’était une excellente recrue. J’étais surpris car je ne connaissais pas son talent. D’ailleurs, le dernier mois, il joue diminué physiquement et cela explique aussi nos prestations plus difficiles. Avant Dijon (8 février, 3-3), il avait un problème d’adducteur. Il se soulageait dans la semaine pour jouer les matches mais son rayonnement a baissé.
De la même manière, à partir du mois de novembre, on a constaté une baisse de régime de Nicolas Pallois. C’était une anticipation sur sa blessure. Néanmoins, la charnière centrale, à son niveau, a été un support important pour l’équipe, durant la première partie du championnat. Après, en raison des blessures et des suspensions, ils ont manqué et l’équipe a été moins solide et moins performante. Ce sont des explications rationnelles à des matches moins aboutis.
Le FC Nantes peut-il aujourd’hui se passer d’Imran Louza ?- Il compte parmi les joueurs les plus importants… Il cadre complètement avec ma façon de voir le foot. Il est aussi à un âge où l’on progresse vite dès que l’on a un peu de temps de jeu. Il en a donc profité pour franchir des étapes. C’est un joueur extrêmement intéressant pour nous. Il a encore une marge de progression donc il compte parmi les joueurs avec lesquels on peut envisager de construire des choses intéressantes.
La fin de saison a-t-elle accéléré les réflexions pour le mercato estival ?- Oui. On est passé à la saison prochaine, sachant que cette intersaison va être très particulière. Certains clubs vont peut-être avoir des grosses difficultés.
Avez-vous ciblé des secteurs ou des postes prioritaires ? On pense à la défense.- Au départ, on a Fabio, Lucas Lima, Dennis Appiah et Charles Traoré. On est bordé pour voyager. Mais après, on se retrouve qu’avec Charles, Dennis et les jeunes. On aurait eu une autre équipe sans la blessure de Fabio et le départ de Lima, qui n’était pas une volonté du club. Aucun club n’a deux défenses de même niveau. On a identifié depuis longtemps certains manques et ciblé, en termes de complémentarité, des profils qui peuvent enrichir l’équipe. Ce ne sont pas beaucoup de joueurs, mais il faut de la qualité. Ensuite, il faut aussi prévoir avec des joueurs capables de progresser et d’entrer rapidement dans la rotation.
Comment expliquez-vous que certains autres jeunes n’aient pas réussi à saisir leur chance ?- Un joueur est un tout. Il ne faut pas se fier seulement aux qualités techniques et athlétiques. Les bons exemples, ce sont Kader (Bamba) et Imran (Louza). Ils ne doutent pas, ils aiment le foot. Ce n’est pas une surprise qu’ils aient saisi leur chance. Pour d’autres, c’est peut-être un mental un peu déficient, un certain manque d’agressivité dans l’esprit de la compétition, dans la détermination.
L’entraîneur peut aider, mais ce sont les prestations, sur le terrain, qui sont déterminantes. Quand on rate un ou deux matches, la confiance est effritée. Le gros problème entre le passage de la formation à la L1, c’est le temps de jeu. Sans jouer, on peut difficilement progresser. Après, ça ne veut pas dire qu’un joueur qui ne passe pas le cap à 22 ans ne va pas y arriver trois ans après. Je pense à Laurent Koscielny. Il a fait sa formation à Guingamp où il ne joue pas en L2. Il part à Tours, monte en L2, on le récupère à Lorient, puis il file à Arsenal et fait sa carrière internationale.
Le contexte actuel peut-il inciter à miser davantage sur la formation ?- La formation permet de ne pas être tributaire des répercussions de la crise sur les transferts. Cela permet de construire et de résister à des chocs. Car des clubs vont connaître de très grandes difficultés et le marché des transferts risque d’être bouleversé.
Avez-vous déjà ciblé des jeunes pour la reprise quand celle-ci sera possible ?- Batista Mendy avait intégré, depuis le mois de janvier, l’équipe pro. C’est pour ça que je regrette que l’on ne fasse pas cette fin de saison parce que je comptais l’intégrer. Voilà l’exemple de jeunes qui me semblent intéressants pour l’avenir du FC Nantes.
Qu’en est-il de votre nomination au poste de manager évoqué avant la trêve de Noël ?- C’est comme ça que je concevais le foot en général, à travers une politique technique générale appliquée au club. A mes yeux, c’est indispensable dans l’identité d’un club et dans la qualité de la formation. Cette réflexion remonte un peu. Sur le plan pratique, c’est aussi plus long parce qu’il existe des sensibilités différentes, avec des personnes en place qui ne perçoivent pas les choses de la même manière. A Lorient, j’ai travaillé avec des éducateurs qui furent d’anciens joueurs. La complicité technique s’était donc inscrite dans le temps. A Nantes, je n’aurai pas 10 ans pour le faire.
Est-ce en suspens ou définitivement arrêté ?- Ça reste possible, mais je ne vais pas forcer les choses. J’ai de très bons rapports avec Pierre Aristouy, par exemple. J’espère avoir l’occasion de mieux le connaître pour accroître la complicité, ne serait-ce qu’avec la Nationale 2. On semble être sur la même longueur d’onde sur pas mal de choses. Après, j’ai 65 ans, ma fin va arriver. Après moi, le FC Nantes existera et il faut aussi préparer ça.
L’an passé vous avez pris l’équipe dans un contexte difficile (2 jours avant la 1re journée de L1)…- (Il coupe) Je ne dirais pas difficile, au contraire. Vous n’avez pas à vous poser de question. Vous faites avec l’effectif en place. Mes seuls regrets ont été les départs de Valentin Rongier et de Lucas Lima. Ce n’était pas la volonté du club de s’en séparer et on pouvait imaginer une saison différente avec ces deux garçons. Mais quand j’ai signé, je n’avais pas d’exigence, mais je voulais faire du mieux possible.
[...]
Le président estime le manque à gagner d’environ 20 M€, soit un peu moins d’un tiers du budget du FCN aujourd’hui. Ça interpelle ?Cela sera pareil pour tous les clubs. Ce serait même pire pour certains. Le foot se passe sur le terrain, mais également en dehors. Les règles de l’économie du foot ne sont pas celles d’une économie responsable. C’est pour cela que je ressens beaucoup de frustration. Si des clubs endettés vous ont piqué des joueurs et qu’ils vous sont supérieurs sportivement (Marseille), l’éthique et l’équité sportives sont bafouées.
Après, sur la situation actuelle, si on a 20 M€ de moins, on fera avec. Je n’ai jamais estimé qu’il fallait avoir un budget pour bien travailler… Ce n’est pas parce qu’il y a moins d’argent dans le foot que l’on jouera moins bien. Au contraire, on va même se reconcentrer sur le jeu. Ce ne sera pas forcément une mauvaise chose.
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