Dans la série Paroles d’ex, L’équipe donne la parole à Jean-Marc Chanelet.
« C’était un artiste, parfois imprévisible »
L’ancien latéral droit de Nantes et de Lyon a particulièrement apprécié être managé par Jean-Claude Suaudeau.• Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?
Japhet N’Doram, à Nantes, et Sonny Anderson, à Lyon. Le premier ne payait pas de mine, mais il avait une intelligence de jeu impressionnante. C’était un leader naturel. Le second a amené le premier titre de Lyon, il a tiré l’équipe vers le haut, en marquant les buts décisifs.
• Le plus fort contre lequel vous avez joué ?
Ronaldinho, à Paris, était rapide, vif, technique. Et, quand j’ai joué contre la Juve avec Nantes, en Ligue des champions(demi-finale, avril 1996), j’ai découvert Alessandro Del Piero, il était jeune, mais avait déjà du vice.
• Le joueur le plus méchant ?
El-Hadji Diouf (Sochaux, Rennes, Lens) avait une sale mentalité, aboyeur, agressif. Il avait du talent, mais je n’aimais pas son attitude. Sinon, Ardian Kozniku (Cannes, Le Havre, Bastia), quand il sautait, mettait les coudes.
• Le plus drôle ?
Tony Vairelles, à Lyon, avait toujours une histoire à raconter. Il avait un côté obsessionnel, avec des blagues un peu limites.
• Le plus fêtard ?
Il y en a un dont on parle souvent, c’est Sidney Govou. Il savait s’amuser, c’était un bon vivant, mais il répondait présent sur le terrain.
• Le moment où vous vous êtes senti le plus seul ?
Lors de ma dernière année à Lyon (2002-2003), fin janvier, je me sens un peu moins bien et je vais voir le coach, Paul Le Guen, pour lui demander de souffler, le match suivant. Je n’ai plus jamais rejoué ! C’est Éric Deflandre qui a terminé la saison. Ai-je été bête et naïf ? Comme j’étais en fin de contrat, peut-être a-t-il pensé que je lui tendais une perche…
• La plus grosse dispute ?
À Lyon, durant un match, Grégory Coupet avait demandé, à plusieurs reprises, à Vikash Dhorasoo de se replacer, sans y arriver. Alors, à la mi-temps, ça avait pété. Greg lui avait dit qu’il lui manquait de respect. Ç’a créé un froid entre les deux. Je me rappelle qu’ensuite, lors d’une séance de penalties à l’entraînement, Greg n’avait volontairement pas bougé sur un tir de Vikash. Ils ne se sont plus jamais parlé.
• Un joueur que vous n’aimiez pas affronter ?
Ça n’a jamais été simple face à Christophe Dugarry(Bordeaux, Marseille). C’était un joueur costaud, mais aussi explosif et rapide. Sur un côté, il était capable de dribbler à droite comme à gauche.
• L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Coco Suaudeau, à Nantes. Il entraînait pour transmettre ce qu’il ressentait. Il était très intuitif. C’était un artiste, parfois imprévisible. À l’entraînement, s’il voyait que son message ne passait pas, il arrêtait l’exercice et on passait à autre chose. Je me souviens que lors d’une mise au vert, le matin d’un match, il était venu me voir pour me dire que je ne débuterais pas. Et, lors de la causerie, j’étais devenu titulaire.
• Le moment où votre carrière a basculé ?
À 27 ans, quand je signe à Nantes, champion de France. Avec Nîmes, on descendait en National, il me restait un an de contrat. Je me disais alors que je ne jouerais jamais plus haut que la Ligue 2. Quand je rentre de vacances, mon agent me dit que Robert Budzynski, le directeur sportif de Nantes, veut me voir. Il me connaissait d’Istres, où il avait recruté Christophe Pignol (1993). Au mois de mai, je me dirigeais vers le National et, en septembre, je jouais la Ligue des champions. Tu prends une gifle !
• La plus belle équipe dans laquelle vous avez joué ?
À Nantes, il y avait moins de joueurs de renom, mais une facilité de jouer, avec tous les enchaînements qu’on avait mémorisés. C’était confortable. À Lyon, les joueurs avaient une notoriété plus grande, mais le jeu se faisait davantage dans l’individualisme.
• La pire équipe dans laquelle vous avez joué ?
À Nîmes, saison 1994-1995, l’entraîneur Josip Skoblar est viré en octobre et est remplacé par René Girard. Puis, en décembre, on n’a toujours pas de résultats et c’est Pierre Barlaguet qui arrive. Alors qu’on a une équipe pour jouer la montée en L1, on descend en National.
• Un transfert qui a failli se faire ?
J’aurais pu connaître la Ligue 1 plus tôt car quand j’ai quitté Istres, je ne devais rester qu’une saison à Nîmes, avant de signer à Bordeaux. C’était vu avec Rolland Courbis, l’entraîneur, mais rien n’avait été signé et, comme il a ensuite été écarté, je suis resté à Nîmes.
• Une anecdote que vous n’avez jamais racontée ?
Lors du stage d’avant-saison, quand j’arrive à Lyon, je vais récupérer mes affaires avant un entraînement. Il y a mon sweat, mon short et mon “cycliste” fétiche, qui était vert de mon époque nantaise. Il était tout lacéré ! C’était l’œuvre des tauliers. Le capitaine Florent Laville m’avait dit : “Il n’y a pas de vert, ici !” J’avais compris le message.