Vu
La Surface de Réparation le soir de TFC-FCN, dans la banlieue de Toulouse, payé par le boulot (pensez à régler vos impôts cette année encore
).
Personne n'a vraiment choisi le film pour cause de changement de date, mais j'étais pas trop chaud pour le biopic sur Churchill où j'imagine qu'ils passaient sous silence la partie où il crée sciemment une famine en Inde pour alimenter l'Angleterre...
Bref, je ne m'attendais pas à grand-chose du film, sans doute en raison de la présence de Franck Gastambide (qui ne lésine pas sur les "guest" dans ses films, ce qui est en général le signe qu'on ne mise pas trop sur le scénario...), et peut-être un peu aussi à cause de ce commentaire du réalisateur, relevé par Naoned . « Je tenais à ce que l’action se déroule dans une ville de province ordinaire, avec un cadre plutôt bourgeois. Surtout pas une ville avec un passé footballistique trop fort cumulé à une grande identité ouvrière, comme Lens ou Saint-Étienne. Il fallait que la géographie des lieux soit répétitive. » Même si, honnêtement, hormis le terme "passé footballistique trop fort" maladroit (en remplaçant "passé" par "culture", ça passe mieux, et ça colle aux affluences du début des 90's, ne nous en déplaise...).
Eh bien finalement, c'était pas si mal, et si Christophe Regin a choisi Nantes au hasard, il a eu le nez diablement creux. Personnellement, je n'y crois guère, mais ça aurait été mal venu d'humilier Kita qui lui a ouvert grand les portes de la Jone, de la Beaujoire et de ce qui reste de Saupin...
L'anti-héros du film, qui est donc un ancien pensionnaire du centre de formation n'ayant pas réussi à passer pro (à cause d'une blessure), pousse constamment le directeur sportif de fiction (plus Claude Robin que Bud...) à faire jouer les jeunes plutôt que des recrues imposées par la direction (parce que c'est plus vendeur...). Il le presse de revenir à ses fondamentaux, à ce qui a fait l'identité du club. Bref, les revendications du personnage principal résonnent savoureusement avec l'actualité du club, qui s'affiche à grands renforts d'écussons kitaïens...mais qu'on retrouve aussi avec une photo de Vahirua, Moldovan et Savinaud dans le bureau du directeur sportif...
Outre l'angle nantais, le message sociologique, bien qu'un peu caricatural, n'est pas neutre : ce ne sont pas le mérite et les qualités humaines qui permettent de "réussir". Le héros était celui qui bossait le plus au centre de formation et ne sortait jamais, et pourtant, il n'est pas passé pro. Il est celui qui aide tout le monde sans distinction (chaperon/dépanneur des joueurs pros, dépeints comme des assistés mais aussi prêt à aider pêle-mêle la wannabe "wag", son copain garagiste ou le pilier de comptoir qui ne peut s'empêcher de miser sur des victoires de Nantes) et pourtant, il n'a même pas de vrai contrat, vivant des invitations en présidentielle données et revendues sous le manteau (coucou Mathieu Bideau l'indigné) et squattant chez les joueurs prêtés dans d'autres clubs...
A l'inverse, les joueurs pros trompent leur femme sans vergogne, font les kékés en boîte, sont incapables de trouver (puis de se débarasser d') une gerbille pour leurs enfants...
Bref, la gloire, l'argent, le pouvoir ne sont pas l'apanage des gens "bien", au contraire. Et le héros se retrouve aussi anachronique dans ses valeurs sociales (travail, générosité) que dans ses valeurs footballistiques (attachement au club, à la formation, au collectif)...
Bon, ce n'est pas le film de l'année et on regrettera le "happy end" qui ne colle pas à l'atmosphère et un autre point agaçant pour les Nantais : on ne reconnaît pas souvent Nantes sorti des scènes Jone/Beauj/Saupin. A revoir, mais j'ai l'impression que pas mal de scènes ont été tournées ailleurs, ce qui est un peu perturbant. Ou alors, c'est juste des coins que je ne connais pas...
Sinon, en beaucoup plus ancien, Légendes d'Automne, avec Brad Pitt. Etiqueté comme film sentimental pour ces dames, d'après la gent féminine elle-même, je suis tombé sur un film anarchiste.
Tiré d'une nouvelle de Jim Harrison, ceci expliquant cela...