Pierre-Arnaud Bard (P-O) raconte son après-midi en Loire.
En immersion avec la « BL »FC Nantes. La Brigade Loire effectuait hier son retour à la Beaujoire, 581 jours après son dernier match. Face à Troyes, le groupe ultra a embrasé la tribune Loire. Reportage.«
Franchement, si la Brigade Loire n’était pas revenue, je n’aurais pas assisté à la rencontre. Troyes, ce n’est pas un match qu’on a forcément envie de voir, mais avec la BL ça change tout », confie Vincent, maillot d’Emiliano Sala sur le dos et casquette jaune vissée sur la tête.
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Que ça fait du bien ce retour ! », me lance mon voisin Jonathan, hilare, alors qu’il me prend par les épaules pour former une chaîne – tant pis pour les gestes barrière — et entonner le célèbre «
qui ne saute pas n’est pas Nantais ». Alors on saute. Partout, autour de nous, des sourires, des rires, des chants. La fête. La Brigade Loire est de retour à la Beaujoire et cela s’entend.
En animateur en chef, Romain Gaudin, un temps interdit de stade, est là. Micro en main, le « capo » ne ménage pas ses efforts pour emmener avec lui une tribune quasi-pleine (alors que l’affluence pour ce match dépasse à peine les 15 000 spectateurs). À chacune de ses injonctions, la foule lève les mains, se tait, hurle, chante, s’assoit... le chef d’orchestre est de retour et la tribune vibre d’un seul chœur. Puissant.
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Cela fait 19 mois qu’il n’y a pas d’ambiance dans cette tribune. Je ne veux que des morts de faim ! Le Covid, c’est derrière nous, les huis clos c’est derrière nous ! Alors ce n’est que Troyes en face mais je veux une ambiance digne d’un grand match ! » Avant même le coup d’envoi, les mots de Romain au micro sonnent fort. La Brigade est de retour et cela s’entend.
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Ça m’a manqué tout ça pendant un an et demi, me confie Elliot, un habitué de cette ambiance.
Moi je vis pour ça, pour chanter avec les potes. Si tu veux juste voir du foot, tu regardes la télé. »
Pas faux. Difficile d’analyser le jeu parmi les mains levées et les drapeaux. En tribune Loire, le spectacle est dans les gradins, pas sur la pelouse. Bien sûr il y a des cris d’encouragements, des oufs de soulagement quand Lafont sort un grand arrêt, ou une manifestation de déception après une occasion ratée de Kolo Muani. Mais la tribune chante, saute, danse, de la première à la dernière minute, quel que soit le scénario de la rencontre. Un match avec la Brigade Loire ressemble à un immense festival. À côté de moi, un supporter descend la tribune porté par la foule, tandis que quelques rangs plus bas un pogo est lancé.
Pour que l’expérience en tribune Loire soit complète, il fallait assister à un but. On en a eu deux. Deux moments d’hystérie collective, où une foule entière descend à toutes enjambées en bas des gradins pour se congratuler. Dingue, indescriptible, bruyant et un poil dangereux, surtout avec des sièges mouillés par la pluie tombée la veille. Mais tellement jouissif, surtout que la victoire est au bout, 2-0.
Au coup de sifflet final, les joueurs viennent remercier leurs supporters et entonner un chant avec la foule. La Brigade Loire est revenue et, avec elle, l’ambiance à la Beaujoire.