Musique classique

Ce que Kita ne pourra jamais s'acheter...

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Re: Musique classique

Messagepar Vikingix » 16 Déc 2010 8:20

Reprise du dernier message :
titube a écrit:On a donc acheté un piano. :roll:


Ben mon cochon de capitaliste, t'as dû en exploiter des petits employés pour te payer un piano :-D
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Re: Musique classique

Messagepar féliré » 16 Déc 2010 8:22

titube a écrit:
Il y a quelques années, ma fille voulait faire du piano. Nous l'avons inscrite à l'école de musique pour faire du piano et le prof nous a dit :
- Vous avez un piano ? parce que sinon ça va pas être possible.
- :gloups

-Nan, mais c'est pas grave, ça tombe bien, je vends aussi des pianos. Tenez, ma carte !

Et toi, t'as rien vu venir... :roll:
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Re: Musique classique

Messagepar titube » 16 Déc 2010 12:27

Vikingix a écrit:
titube a écrit:On a donc acheté un piano. :roll:


Ben mon cochon de capitaliste, t'as dû en exploiter des petits employés pour te payer un piano :-D


Mais non, j'ai juste donné de l'emploi à des travailleurs tchèques (non aucun jeu de mot n'est autorisé avec traveller chèques).
Bon, je l'ai acheté d'occasion. Un Petrov.
10 mètres plus loin il y avait un Steinway à 72 000 €. J'ai bien fait d'y aller sans ma fille. :-D
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Re: Musique classique

Messagepar Sex Hammer » 10 Jan 2011 16:09

Ravel par Nicholas Angelich ! Miroirs et Gaspard de la nuit ! :smt007
Ya du Litz (évidemment), du Debussy ( à la limite d'une copie dans le style entreprit, notamment dans la barque sur l'océan), et puis ces couleurs venant d'Espagne,de Grèce, d'Orient...
Cette pièce demande une virtuosité de tous les instants, une précision d'horloger suisse, et bien sur, cela nécessite de la surmonter pour s'exprimer. Des pièces à écouter allongé, mais attentif, comme toute œuvre digne de ce nom.
Nicholas Angelich le fait de manière spectaculaire.

J'ai pas trouvé d'image de la pochette. Version enregistrée par Lyrinx, distribuée par Harmonia Mundi.
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Re: Musique classique

Messagepar titube » 12 Jan 2011 13:52

J'avais assisté à un concert de Nicholas Angelich avec l'orchestre de Saint Pétersbourg à l'Etang des Aulnes dans le cadre du festival de La Roque d'Anthéron. Beaucoup d'émotion et de finesse dans son jeu, mais je n'aime pas trop son style. Il suffit d'écouter ;)
Excellent souvenir de cette soirée!
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Re: Musique classique

Messagepar El Marlino » 24 Jan 2011 17:59

:smt007

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Mxs9dXqzzxA[/youtube]
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Re: Musique classique

Messagepar Sex Hammer » 26 Jan 2011 17:13

Dans la même esthétique que Ravel, bien qu'antérieure, j'écoute Liszt :

les 12 études d'exécution transcendante par Claudio ARRAU.
la sonate pour piano en si mineur par E. LEONSKAJA.

:smt007
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Re: Musique classique

Messagepar anas lex » 26 Jan 2011 17:58

Nielsen. :smt007
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Re: Musique classique

Messagepar Romu » 04 Fév 2011 19:50

Hier, je suis allé écouter un concert classique aux folles journées. C'était la 5° symphonie de Gustav Mahler par l'orchestre de la Résidence de La Haye

C'était agréable. J'ai un peu lutté pour ne pas dormir vu l'heure tardive, mais le spectacle du chef d'orchestre était amusant à observer. Pas loin de moi, y'avait un gars qui était à fond dans le truc. Il secouait la tête en mesure, faisant aller ses bras comme un chef d'orchestre. C'était très drôle. Gui aurait dit: "il était au taquet, le mec"

En revanche, je n'imaginais qu'on puisse ressentir la musique jusqu'à en pleurer de bonheur, comme mon voisin. :gloups
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 20 Fév 2011 17:39

Hier, Salonen, invité du festival Présences 2011, donnait le dernier concert de l'édition, au théâtre du Châtelet.

Pour ceux qui ne connaissent pas le festival Présences, il permet d'entendre gratuitement de la musique contemporaine (enfin, du XXe-XXIe siècle, ce qui n'est plus toujours très contemporain) pendant une série de concerts à libre entrée (une vingtaine, dont la moitié symphoniques).

Pour ceux qui ne connaissent pas Esa-Pekka Salonen, qui était l'invité, le thème, la tête d'affiche et la star de l'édition 2011, c'est l'un des chefs les plus remarquables aujourd'hui, particulièrement dans la musique du XXe (en fait son répertoire commence dans les années 1880), et qui a fait passer l'orchestre de L.A. du statut de bon orchestre américain à celui de limousine dans le top 5 mondial, grosso modo, pendant son mandat de 1994 à 2009. Ce qui fait un peu mal quand on pense que son successeur est Gustavo « Fiesta » Dudamel.

Image

Au programme, il y avait deux compositions de Salonen lui-même, Nyx et L.A. Variations, des showpieces orchestrales agréables à écouter mais vraiment pas très mémorables, qui vont chercher du côté de Stravinski, de Copland et de quelques autres contemporains d'il y a cent ans. Le concerto pour clarinette D'om le vrai sens de Kaaija Saariaho, compatriote finlandais de Salonen qui vit à Paris, inspiré de la tapisserie de la dame à la licorne du musée de Cluny, répétait pendant 40 minutes des idées éculées.
Bref, tout ça aurait été insupportable (surtout dans le même concert, et non en début d'un programme symphonique plus varié), malgré de très grandes qualités musicales de la part des interprètes, si Salonen n'avait réservé en conclusion Amériques de Varèse. Je n'avais, figurez-vous, jamais entendu ce grand chef-d'œuvre en concert, et je n'ai pas été déçu. Quelle énormité, quelle explosion ! Quand on pense que Varèse composait ça à l'époque où Bartok nous infligeait son folklore, où Nielsen grisaillait des pages lignées. C'est une musique vraiment dingue et dont les dix dernières minutes (ça dure environ 25') ont vraiment cette effet prenant, à la limite de la transe... Pour écouter vous avez la version Boulez NY par ici (plage 2).

Image

Sinon, Salonen est vraiment un type impressionnant, une battue d'une clarté infaillible dans cette musique (ce qui est le minimum requis chez un chef, mais tellement rare, en France particulièrement) et néanmoins d'une souplesse et d'une musicalité exceptionnelles. Le poids qu'il a su donner au Philharmonique de Radio France (l'un des orchestres français parmi ceux que je connais, que j'estime les plus insupportables par leur suffisance et leur manque de travail) est le signe d'une grosse carrure, malgré son physique de freluquet. Il est maintenant chef du Philharmonia Orchestra de Londres, dont le fonds de répertoire est plutôt germanique (à commencer par Mahler qu'ils ont enregistré avec Klemperer, Barbirolli, Sinopoli et plus récemment Zander, ainsi que Salonen déjà pour une 9e que je n'ai pas entendue). Je me demande ce que ça va donner sur le long terme, j'espère beaucoup de Hindemith, de Fortner, et autres Entartete, de Viennoiseries de la seconde école, pourquoi pas du Richard Strauss, mais pas trop de Bartok et autres trucs du genre.
Dernière édition par Misère du monde le 21 Fév 2011 12:17, édité 1 fois.
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Re: Musique classique

Messagepar titube » 21 Fév 2011 12:16

Merci pour la découverte. je ne connaissais pas.

Je suis allé voir Dark Swann et j'ai été bien déçu par la musique. (pas par le film).
Il y a de nombreux passages du Lac des cygnes qui auraient mérité de faire partie de la musique du film. Là on reste sur le très très classique.
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Re: Musique classique

Messagepar jésus t'es naze arrête » 21 Fév 2011 14:33

titube a écrit:Merci pour la découverte. je ne connaissais pas.

Je suis allé voir Dark Swann et j'ai été bien déçu par la musique. (pas par le film).
Il y a de nombreux passages du Lac des cygnes qui auraient mérité de faire partie de la musique du film. Là on reste sur le très très classique.

une BO pour les classix ;)
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Re: Musique classique

Messagepar Fred » 22 Fév 2011 9:53

Krzysztof Penderecki, l'avant-garde polonaise
Dans le cadre de Pologne sur Loire, le Centre culturel européen de Nantes reçoit le compositeur Krzysztof Penderecki. L'ONPL joue une de ses oeuvres ce soir à la Cité des congrès.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLoc ... d_actu.Htm
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Re: Musique classique

Messagepar StanAjax » 22 Fév 2011 11:00

Fred a écrit:Krzysztof Penderecki, l'avant-garde polonaise
Dans le cadre de Pologne sur Loire, le Centre culturel européen de Nantes reçoit le compositeur Krzysztof Penderecki. L'ONPL joue une de ses oeuvres ce soir à la Cité des congrès.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuLoc ... d_actu.Htm


Et le Polonais dans la Loire, c'est prévu pour quand ? :oups:
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Re: Musique classique

Messagepar Vikingix » 22 Fév 2011 11:18

On commence par les étudiants déjà.
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 22 Fév 2011 18:17

Penderecki a commis quelques partitions intéressantes dans sa jeunesse avant-gardiste, mais ses compositions tonales un peu new age depuis les années 70 n'ont aucun intérêt (j'ai pas entendu les œuvres mentionnées, ni Paradise Lost, ni la création, mais ça ne devrait pas échapper à ce constat). Même chose pour son compatriote Gorecki d'ailleurs, dont l'affreuse symphonie n° 3 s'est vendue en cd à plus d'un million d'exemplaires :gloups .

En revanche ça vaut le coup de jeter une oreille à ses œuvres plus anciennes, par exemple sur cet album (le plus connu étant le Thrène pour les victimes d'Hiroshima, plage 2).
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Re: Musique classique

Messagepar Sex Hammer » 24 Fév 2011 11:20

Misère du monde a écrit:Hier, Salonen, invité du festival Présences 2011, donnait le dernier concert de l'édition, au théâtre du Châtelet.

Pour ceux qui ne connaissent pas le festival Présences, il permet d'entendre gratuitement de la musique contemporaine (enfin, du XXe-XXIe siècle, ce qui n'est plus toujours très contemporain) pendant une série de concerts à libre entrée (une vingtaine, dont la moitié symphoniques).

Pour ceux qui ne connaissent pas Esa-Pekka Salonen, qui était l'invité, le thème, la tête d'affiche et la star de l'édition 2011, c'est l'un des chefs les plus remarquables aujourd'hui, particulièrement dans la musique du XXe (en fait son répertoire commence dans les années 1880), et qui a fait passer l'orchestre de L.A. du statut de bon orchestre américain à celui de limousine dans le top 5 mondial, grosso modo, pendant son mandat de 1994 à 2009. Ce qui fait un peu mal quand on pense que son successeur est Gustavo « Fiesta » Dudamel.

Image

Au programme, il y avait deux compositions de Salonen lui-même, Nyx et L.A. Variations, des showpieces orchestrales agréables à écouter mais vraiment pas très mémorables, qui vont chercher du côté de Stravinski, de Copland et de quelques autres contemporains d'il y a cent ans. Le concerto pour clarinette D'om le vrai sens de Kaaija Saariaho, compatriote finlandais de Salonen qui vit à Paris, inspiré de la tapisserie de la dame à la licorne du musée de Cluny, répétait pendant 40 minutes des idées éculées.
Bref, tout ça aurait été insupportable (surtout dans le même concert, et non en début d'un programme symphonique plus varié), malgré de très grandes qualités musicales de la part des interprètes, si Salonen n'avait réservé en conclusion Amériques de Varèse. Je n'avais, figurez-vous, jamais entendu ce grand chef-d'œuvre en concert, et je n'ai pas été déçu. Quelle énormité, quelle explosion ! Quand on pense que Varèse composait ça à l'époque où Bartok nous infligeait son folklore, où Nielsen grisaillait des pages lignées. C'est une musique vraiment dingue et dont les dix dernières minutes (ça dure environ 25') ont vraiment cette effet prenant, à la limite de la transe... Pour écouter vous avez la version Boulez NY par ici (plage 2).

Image

Sinon, Salonen est vraiment un type impressionnant, une battue d'une clarté infaillible dans cette musique (ce qui est le minimum requis chez un chef, mais tellement rare, en France particulièrement) et néanmoins d'une souplesse et d'une musicalité exceptionnelles. Le poids qu'il a su donner au Philharmonique de Radio France (l'un des orchestres français parmi ceux que je connais, que j'estime les plus insupportables par leur suffisance et leur manque de travail) est le signe d'une grosse carrure, malgré son physique de freluquet. Il est maintenant chef du Philharmonia Orchestra de Londres, dont le fonds de répertoire est plutôt germanique (à commencer par Mahler qu'ils ont enregistré avec Klemperer, Barbirolli, Sinopoli et plus récemment Zander, ainsi que Salonen déjà pour une 9e que je n'ai pas entendue). Je me demande ce que ça va donner sur le long terme, j'espère beaucoup de Hindemith, de Fortner, et autres Entartete, de Viennoiseries de la seconde école, pourquoi pas du Richard Strauss, mais pas trop de Bartok et autres trucs du genre.


:smt023
Je le quote au cas ou il disparaisse comme de nombreux postes de JJJ alias FID, alias MDM, alias JeDeviensLourd.
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 26 Fév 2011 22:38

Ces bouffons d'Arte ont mis une semaine, mais enfin on peut voir le concert dont je vous parlais la semaine dernière (dernier chapitre de la vidéo, mais vous pouvez aussi voir ce que donnent les autres, même si je vous défie de rester plus de 2 minutes sur le chapitre 2).
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 02 Mars 2011 0:20

Lundi, je suis allé entendre Gustav Leonhardt aux Bouffes du nord.

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Depuis 1950, quand il commença sa carrière ( :o ) Gustav Leonhardt offre à entendre ses interprétations de musique baroque, autant française et italienne qu'allemande, et ce au clavecin, à l'orgue ou encore à la direction (puisqu'il a enregistré l'intégrale des cantates de Bach en collaboration avec Harnoncourt).

Mais Leonhardt, c'est d'abord un claveciniste. Parce qu'avant Leonhardt, en fait, on ne jouait pas de clavecin. Ou presque pas, puisque certains s'y aventuraient (Wanda Landowska, Helmut Walcha) sans en avoir la maîtrise qu'il apporta. En effet, Leonhardt fut l'un des premiers véritables baroqueux (avec Harnoncourt), et seul vrai pionnier dans son instrument, qui décida d'aller dans les musées sortir des instruments qu'on ne jouait plus, d'aller dans les bibliothèques sortir des manuscrits et les éditer lui-même, étudier de vieux manuels d'interprétation, et essayer de retrouver ou plutôt de réinventer le clavecin des XVIIe-XVIIIe siècles.

Aujourd'hui, à 82 ans, Gustav Leonhardt continue donc de jouer, en premier lieu du clavecin, comme ce lundi. Il entre presque timidement sur scène, fait les quelques pas qui le séparent de l'instrument avec un pas un peu traînant, salue à peine et s'installe sur le tabouret. Il sort ses lunettes. Et déroule un programme d'une logique, d'un naturel implacables, comme je n'en ai jamais entendus. 100% Bach (avec 95% de Jean-Sébastien, juste 2% au début de Johann Christoph son oncle, et 3% à la fin de Wilhelm Friedmann son fils). Il n'a pas la plus grande virtuosité (il ne l'a jamais eue, et ses élèves, Scott Ross de son vivant, Pierre Hantaï aujourd'hui, ont une maîtrise incomparables), certaines touches lui échappent (je précise pour ceux qui l'ignoreraient que le clavecin ne se joue pas comme un piano, on ne joue pas plus ou moins fort selon qu'on enfonce plus ou moins la touche : non, soit on enfonce suffisamment sèchement pour que le sautereau pince la corde, soit on enfonce trop peu et la note ne sort pas, un récital de clavecin a donc facilement des notes qui ne sortent pas, voire dans certains cas des notes à côté). Mais ce n'est pas l'enjeu, quand on vient écouter Leonhardt c'est pour entendre autre chose qu'un superbe récital, plus même qu'une interprétation saisissante. Ce qu'offre Leonhardt, c'est tout simplement 60 ans et plus de dialogue avec ces partitions, 60 ans à les lire, les relire, y réfléchir, en prendre possession. Entendre Leonhardt jouer Bach, c'est entendre une vision de Bach, une force de conviction, une familiarité absolue avec chaque note, une façon de les dire qui est au-delà de l'éloquence, de la compréhension ou du spectaculaire, et qui atteint simplement à un sens, ce qui est devenu si rare en musique (et là je parle de tout ce qui existe de musique, dite savante ou classique ou populaire ou autre, ancienne ou contemporaine, etc.).

Puis, le maître laisse mourir un accord, lève les mains, retire ses lunettes (façon beau gosse) et se lève alors que le clapotis des applaudissements envahit le théâtre sans paraître le toucher, il salue, raide d'âge et de ce qui, il y a quelques décennies, devait être pris pour une insupportable prétention.

Pour découvrir le clavecin de Leonhardt, quelques cds essentiels (hélas presque tous épuisés :gloups ) :
Son Froberger révolutionnaire de 1962
Son CBT, Livre I et Livre II
Parmi ses disques récents, le plus mémorable est son récital Frescobaldi + Louis Couperin qui est dans mon top 10 baroque depuis 4 ans.

À l'orgue :
Sweelinck (qu'il a édité lui-même)

Comme chef :
Sa Saint-Matthieu (avec la Saint-Jean de Kuijken)
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Re: Musique classique

Messagepar Schtroumpf prolo » 31 Mars 2011 9:16

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Je l'ai enfin reçu.
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Re: Musique classique

Messagepar Sex Hammer » 01 Avr 2011 11:31

Misère du monde a écrit:Lundi, je suis allé entendre Gustav Leonhardt aux Bouffes du nord.

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Depuis 1950, quand il commença sa carrière ( :o ) Gustav Leonhardt offre à entendre ses interprétations de musique baroque, autant française et italienne qu'allemande, et ce au clavecin, à l'orgue ou encore à la direction (puisqu'il a enregistré l'intégrale des cantates de Bach en collaboration avec Harnoncourt).

Mais Leonhardt, c'est d'abord un claveciniste. Parce qu'avant Leonhardt, en fait, on ne jouait pas de clavecin. Ou presque pas, puisque certains s'y aventuraient (Wanda Landowska, Helmut Walcha) sans en avoir la maîtrise qu'il apporta. En effet, Leonhardt fut l'un des premiers véritables baroqueux (avec Harnoncourt), et seul vrai pionnier dans son instrument, qui décida d'aller dans les musées sortir des instruments qu'on ne jouait plus, d'aller dans les bibliothèques sortir des manuscrits et les éditer lui-même, étudier de vieux manuels d'interprétation, et essayer de retrouver ou plutôt de réinventer le clavecin des XVIIe-XVIIIe siècles.

Aujourd'hui, à 82 ans, Gustav Leonhardt continue donc de jouer, en premier lieu du clavecin, comme ce lundi. Il entre presque timidement sur scène, fait les quelques pas qui le séparent de l'instrument avec un pas un peu traînant, salue à peine et s'installe sur le tabouret. Il sort ses lunettes. Et déroule un programme d'une logique, d'un naturel implacables, comme je n'en ai jamais entendus. 100% Bach (avec 95% de Jean-Sébastien, juste 2% au début de Johann Christoph son oncle, et 3% à la fin de Wilhelm Friedmann son fils). Il n'a pas la plus grande virtuosité (il ne l'a jamais eue, et ses élèves, Scott Ross de son vivant, Pierre Hantaï aujourd'hui, ont une maîtrise incomparables), certaines touches lui échappent (je précise pour ceux qui l'ignoreraient que le clavecin ne se joue pas comme un piano, on ne joue pas plus ou moins fort selon qu'on enfonce plus ou moins la touche : non, soit on enfonce suffisamment sèchement pour que le sautereau pince la corde, soit on enfonce trop peu et la note ne sort pas, un récital de clavecin a donc facilement des notes qui ne sortent pas, voire dans certains cas des notes à côté). Mais ce n'est pas l'enjeu, quand on vient écouter Leonhardt c'est pour entendre autre chose qu'un superbe récital, plus même qu'une interprétation saisissante. Ce qu'offre Leonhardt, c'est tout simplement 60 ans et plus de dialogue avec ces partitions, 60 ans à les lire, les relire, y réfléchir, en prendre possession. Entendre Leonhardt jouer Bach, c'est entendre une vision de Bach, une force de conviction, une familiarité absolue avec chaque note, une façon de les dire qui est au-delà de l'éloquence, de la compréhension ou du spectaculaire, et qui atteint simplement à un sens, ce qui est devenu si rare en musique (et là je parle de tout ce qui existe de musique, dite savante ou classique ou populaire ou autre, ancienne ou contemporaine, etc.).

Puis, le maître laisse mourir un accord, lève les mains, retire ses lunettes (façon beau gosse) et se lève alors que le clapotis des applaudissements envahit le théâtre sans paraître le toucher, il salue, raide d'âge et de ce qui, il y a quelques décennies, devait être pris pour une insupportable prétention.

Pour découvrir le clavecin de Leonhardt, quelques cds essentiels (hélas presque tous épuisés :gloups ) :
Son Froberger révolutionnaire de 1962
Son CBT, Livre I et Livre II
Parmi ses disques récents, le plus mémorable est son récital Frescobaldi + Louis Couperin qui est dans mon top 10 baroque depuis 4 ans.

À l'orgue :
Sweelinck (qu'il a édité lui-même)

Comme chef :
Sa Saint-Matthieu (avec la Saint-Jean de Kuijken)


Je l'avais vu au CNSM de Lyon sur du Scarlatti, sonates pour clavecin ... :smt007
Deux mois après, ma soeur rentrait au CNR au clavecin.
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Re: Musique classique

Messagepar féliré » 04 Avr 2011 21:39

C'est quoi la différence entre la main qui tient la baguette et celle qui est "nue" ?
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 04 Avr 2011 22:53

féliré a écrit:C'est quoi la différence entre la main qui tient la baguette et celle qui est "nue" ?

Tu parles du chef je suppose ?

D'abord, tous les chefs n'utilisent pas la baguette. La baguette sert à être vu de plus loin, simplement, en amplifiant les gestes de la main droite, qui bat le temps. Car c'est la première fonction du chef (celle de la main droite) : battre la mesure. La deuxième main, schématiquement, elle va faire le reste, par exemple indiquer les départs des pupitres, les nuances (plus fort, moins fort), tourner les pages de la partition. Cette séparation battue à droite / le reste à gauche est assez stricte chez Boulez par exemple, ce qui fait la clarté de son geste (à partir de 2 minutes) :



Cette clarté est idéale en musique contemporaine bien sûr, où on peut même avoir une battue différente à chaque main (disons une mesure binaire à droite et une mesure ternaire à gauche par exemple, ou bien une mesure à 3 et une à 7, bref, un truc compliqué).
Maintenant, si on regarde Toscanini, seule la main droite bouge, sauf à quelques moments très précis ou la gauche vient renforcer. Pourtant, sans la main gauche, les impulsions (départs, nuances) y sont, mais c'est tout le corps qui les donne.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=bqmmTjC3ffk[/youtube]

Karajan aussi a une main gauche assez peu variée, surtout présente pour renforcer les temps forts, voire suppléer la main droite sur certains temps, créer de la tension, ou ajouter du lyrisme, bref tout ce qu'on voit ici :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=CQmsesSde-o[/youtube]

Inversement (enfin, si on prend le nombre de gestes, parce que pour la cohérence c'est aussi impressionnant, centré, peu dispersé qu'un Toscanini), Abbado a une séparation moins marquée entre les deux mains. Bien sûr la main droite bat la mesure, mais donne aussi les impulsions. La main gauche participe à tout ça, aussi. Et puis le visage (au point que certains se foutent un peu de lui, enfin moins maintenant qu'il est vieux et que les gens vont à son concert en espérant que ce sera le dernier, mais quand même). Enfin surtout le tout est très élégant et musical.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=bCwSbAjp_dw[/youtube]

Et puis il y a Bernstein, qui bat très mal, technique détestable, anarchique, mais une tension certaine par moments. Enfin une technique aussi faible ça l'exposait à des ratages monumentaux (toutes proportions gardées hein, orchestres brillants, répétitions approfondies, donc ça tournait), quand l'alchimie ne prenait pas. On remarque aussi l'absente quasi totale d'indépendance des mains (ce qui est très surprenant chez un pianiste, mais on retrouve ça chez Barenboïm).

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=ivvn04Zdxt4[/youtube]

Pour terminer la revue de chefs, Mravinsky, le père de toute l'école de direction russe au XXe, a une clarté qui se rapproche de celle de Boulez. C'est clairement un idéal :

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1PsBQwSp0bU[/youtube]
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Messagepar jésus t'es naze arrête » 05 Avr 2011 10:00

Waouh, typiquement le genre de truc m'était passé au dessus de la tête pour ne pas avoir bien fait attention. Pas un seul ne dirige comme l'autre. Abbado à 1'36 c'est à mourir de rire :-D
Et Bernstein :smt007 Avec ses ptits sauts de cabri, son air voûté, ses gestes courts et nerveux, on dirait un mec dans un concert d'électro :-)

J'imagine que le goût et la préférence des musicos pour telle ou telle manière d'être dirigé, ça évolue beaucoup aussi ?

Merci en tout cas.
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Re: Musique classique

Messagepar Vikingix » 05 Avr 2011 10:30

Je me rappelle avoir aperçu une fois un chef Brésilien (je crois) qui faisait pas mal de mimiques marrantes.
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Re: Musique classique

Messagepar Misère du monde » 05 Avr 2011 10:39

jésus t'es naze arrête a écrit:Waouh, typiquement le genre de truc m'était passé au dessus de la tête pour ne pas avoir bien fait attention. Pas un seul ne dirige comme l'autre. Abbado à 1'36 c'est à mourir de rire :-D
Et Bernstein :smt007 Avec ses ptits sauts de cabri, son air voûté, ses gestes courts et nerveux, on dirait un mec dans un concert d'électro :-)

J'imagine que le goût et la préférence des musicos pour telle ou telle manière d'être dirigé, ça évolue beaucoup aussi ?

Merci en tout cas.

Mais Abbado est extraordinaire, toutes les impulsions sont là quand il faut. La préférence des musiciens est assez indifférente quant aux tics, à l'expansivité : ce qui compte, c'est la clarté. Sachant que de toute façon la gestique ne compte pas forcément tant que ça pour un musicien, par rapport au travail en répétition par exemple.
Du coup les musiciens adorent un mec comme Abbado, mais aussi un Boulez par exemple. Il faut vraiment être mauvais pour être critiqué par les musiciens sur les gestes, même si ça arrive (Soudant quand il était à l'ONPL, Eschenbach à Paris).
Bernstein, par contre, c'est assez compliqué à vraiment suivre, je n'aime pas trop cette posture qui fait très chef jazzy, la baguette lâche, rien n'est centré, les épaules bougent plus que les mains... C'est pas pour rien qu'il y avait souvent des problèmes de coordination ou de faux départs quand il dirigeait. Mais c'est pas pour ça qu'on l'aimait.
Mon idéal à moi c'est un chef qui mélangerait un peu tous ceux de ces vidéos (sauf peut-être Boulez, enfin la battue de Boulez est un modèle pour tout le répertoire plus contemporain). La clarté inflexible de Mravinski, la souplesse électrisante de Toscanini, l'énergie de Karajan, la générosité d'Abbado, et une pointe de la fantaisie de Bernstein.
Misère du monde
 

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